Mahlon ✍ - Les lettres à Belle-Île

Les cinq lettres diffèrent par l'orthographe, le style et la calligraphie. La première, non datée mais sûrement écrite en 865, porte le nom de Pascal Lucas, mais fut probablement écrite par Dolorès Soyer, la nièce de Marie-Louise, qui était en visite chez eux à l'époque. Les lettres de 1868 et 1888 furent écrites et signées par François Lucas. Celle de 1871 présente une page écrite et signée par François, et pour le reste, l'écriture est toujours celle de François, mais avec une signature de Pascal Lucas. Toutefois, le style diffère de toutes les autres, il y eut sans doute une autre influence. La lettre de 1878 est d'une main différente, qui pourrait bien être celle de Mathilde Soyer, avec la signature de Pascal à la fin.

Il est évident que d'après les lettres de 1865 et 1868 Pascal avait peu de facilités à écrire en français et dépendait des autres pour la communication. Ce que confirme sa signature sur les actes de naissance de ses enfants, tels qu'enregistrés à la mairie de Bangor, à Belle-Isle, c'est celle d'une personne peu habituée à écrire.

Même si les détails contenus dans les lettres n'ont que peu d'importance à l'heure actuelle, ils éclairent la vie de la famille à cette époque.

NDLR : Victor est en fait le beau-frère de Pascal, c'est le frère de Marie-Louise.

Indépendance, le 15 septembre 1865

Mon Cher frère,

Tu verras par cette lettre que Dolorès est avec nous. Elle est venue nous surprendre il y aura lundi 15 jours. Ell est ici avec ses enfants. Son mari est venu l'accompagner, mais ne pouvait à cause de son commerce rester plus d'une semaine. Il est reparti. Ils se portent bien excepté Dolorès qui a été un peu malade, à son arrivée par la fatigue du voyage.

Excuse, je t'en prie, Victor, notre négligence qui n'est pas volontaire. Nous ne pouvons t'écrire nous-mêmes et nos enfants demeurent à une distance de chez nous, telle que n'étant pas précisément loin, et leurs occupations étant grandes, il ne nous est pas possible de vous écrire aussi souvent que nous l'aimerions.

Notre Victor s'est marié le 25 avril, jour remarquable pour moi, je pensais à la foire Saint-Marc où tu devais être alors. Il n'aurait pas pu mieux tomber dans le choix d'une compagne. Cette jeune fille s'appelle Henretta, elle appartient à la famille la plus respectée des environs, elle a de bonnes manières et lui est très attachée, ainsi qu'à nous-mêmes.

Nous avons entendu parler du mariage de tes deux fils. C'eut été avec le plus grand bonheur que nous nous serions vu présents à cette double grande fête noce. Dis-nous à ton tour tout ce qui concerne l'établissement de tes deux fils, le nom de tes brus et enfin tous les détails que tu pourrais nous donner. Car mon cher Victor, tu ne saurais te figurer combien nous sommes insatiables de nouvelles du vieux pays, et surtout de nos vieux oncles et tantes, enfin de tous nos chers parents.

Nos enfants sont toujours à travailler. Émile a sa scierie, Jean-Marie chez nous. Et notre Albert, nous nous décidons à l'envoyer apprendre son état (pâtissier) avec Alfred que nous estimons bien. Ce cher enfant partira avec Dolorès quand elle s'en ira.

Notre Louisa est tout le portrait d'Anne-Marie à son âge. C'est tout son genre. Elle est assez grande pour son âge, et d'un caractère très doux. Elle aide sa mère dans le ménage.

Dans ta prochaine lettre, parle-nous particulièrement des enfants de notre sœur Marie. Ceux aussi de notre sœur Clémentine, de Martin, d'Hélène et de notre beau-frère Jean et aussi de notre bonne Augustine.

Tu as entendu parler probablement de la vente de notre ferme, ainsi que de celles de nos enfants. Nous considérons cela comme une affaire presque faite, puisque les papiers de vente étaient délivrés, et que l'on nous avait fait prêter serment devant un juge de paix, comme quoi nous vendions nos fermes. Quelques fermiers ont reçu leur argent, mais nous, on nous a laissés là.

Nous sommes à la veille de faire notre mellasse. Le seigle est venu pas mal. Le blé a manqué, les pommes de terre ont été abondantes, le mais aussi, le blé s'annonce joli.

Louise n'oublie pas Marie-Joseph et Froisine, n'oublie pas Pascal, ni tout le reste de nos amis. Depuis que nous t'avons écrit, nous avons eu deux naissances. François a eu une fille et Anne-Marie vient d'avoir un garçon, qui fait le 11e de nos petits-enfants.

Je désirais d'avoir le prix des bestiaux à Belle-Île. Dans ce pays, la paire de bœufs se vend en moyenne 125 dollars. Les vaches coûtent quelquefois 50 dollars. Les habits se vendent à proportion. Une paire de bottes 10 dollars.

Nous t'aurions désiré présent à la noce de ton filleul.

Nous t'embrassons de tout cœur, ainsi que toute la famille. Sois notre interprète auprès de tous les nôtres.

Ton frère Pascal Lucas.

 

NDLR : C'est François qui tient la plume, le fils de Pascal.

Fetterman, le 29 juin1868

Cher Oncle et tante,

Après un long silence, je vais tacher de vous donner quelques nouvelles de la famille. Vous aussi vous aimeriez sans doute avoir des nouvelles de nous, plus souvent mais vous pouvez attribuer notre silence à notre propre négligence. Si papa et maman pouvaient vous écrire, vous auriez de nos nouvelles plus souvent.

Toute la famille, grands et petits se portent bien et tous désirent que ce brouillon vous trouvent de même. Depuis notre dernière, il n'y a rien d'intéressant à vous communiquer, si ce n'est que Victor a un second fils né l'hiver passé. Nous ne recevons plus de nouvelle du Canada, là-dessus nous n'avons rien à dire, tant que notre tante Babete. Nous n'avons eu de nouvelle d'elle depuis quelques temps. Albert va la voir dans trois semaines. Je pense que vous avez appris par nos lettres que nous voulions la faire venir demeurer chez nous, mais elle n'a pas voulu. Elle a préféré rester à Cincinnati et avoir comme elle dit son chez-elle. Mathilde, quand elle est venue chez nous, elle a passé chez notre tante Babete et elle a demandé à Mathilde si elle avait assez d'argent pour son voyage, que si elle n'avait pas eu, elle lui aurait donné. Sa nous prouve qu'elle ne souffre pas, mais nous aimerions mieux qu'elle vienne nous trouver. Sa serait une grande compagnie pour papa et maman., mais cher oncle, vous la connaissez. Elle a toujours aimé être seule.

Vous nous disiez dans votre dernière lettre que Bangor devenait de plus en plus pauvre, pauvres gens, comment vont-ils faire pour vivre dans ce malheureux Bangor ?

A propos de nos charrues en fonte, papa vient d'en acheter une qu'il lui coûte 75 Fr et moi, j'en ai une voici trois ans qui sont toutes en fer et fonte, seulement la place pour les mains sa vous torche l'ouverture comme on ne peut mieux. Voilà ici aussi le model d'une charue bien estimée avec deux de nos meilleurs chevaux, nous pouvons faire nos ouvertures. Ils pèsent 1000 à 1500 livres chaque cheval Nous avons aussi des machines à battre. Il faut 6 à 8 chevaux pour les faire marcher. Nous avons des moulins à vanté le blé, les balleries et le vantage se font dans les granges. Nos voitures de campagne sont tous à quatre roues avec limonier entre les deux chevaux de limon, et quelquefois jusqu'à 6 chevaux à chaque voiture, deux par deux. Avec deux bons chevaux et une bonne voiture, nous pouvons aller partout avec trois mille livres, c'est considéré la charge de 2 bons chevaux.

Les chevaux sont toujours très chers, ils se vendent de 500 à 1000Fr et les bestiaux aussi sont chers, de 5 à 7 sous la livre sur pied.

Ainsi qu'elles sont, les récoltes ont une belle apparence. Le froment est bien bon et nous commencerons la moisson dans une dizaine de jours. Suivant les journeaux, la récolte est excelente pour tout l'amérique. Nos récoltes principal, le blé, la voine et le maï. Le maï se récolte en grande abondance dans ce pay, avec une grande facilité. C'est la nourriture des cochons. Le blé a manqué depuis 3 ans, sa fait que les prix ont été très chers. Dans ce moment, quoique les prix on diminué de 30fr la pairée, il se vend encore 60fr. Pour quant le nouveau blé viendra, au marché il se vendra à peu près de 40 à 45fr. Le maïs se vent à 30fr, le maïs 15, la voine 7fr50 la pairée.

Cher oncle, je n'ai rien à vous dire qui puisse vous intéresser, mais vous en avez beaucoup qui nous intéresse, les nouvelles de notre nombreuse famille que nous aimerions tous voir. Ecrivez-nous le plus tôt possible, et donnez-nous des nouvelles de tous ceux qui s'intéressent à nous. Papa parle beaucoup de vendre la ferme et de s'en retourner à Belle-Île, mais l'idée de quitter ses enfants le détourne, et c'est la seule chose qui le retient ici. Adieu cher oncle, mes compliments à toute la famille  et avons le dévouement d'une amitié sincère. Votre neveu qui vous aime

François Lucas

 

Fetterman, Taylor County, le 29 May 1871

Chers frère et sœur

Encore une fois, je prends ma plume pour interrompre un silence prolongé. Ne croyai pas chers parents que le retard de nos nouvelles sont les fruits de notre oublie envers vous. Mon cher Victor à toi et à toute la famille nous pensons souvent, surtout depui cette malheureuse guerre qui reigne en France. Combien de pauvre et brave soldats on resté sur le champ de bataille, pendant que leurs parents pleurai leur sort. Sur la prochaine lettre, nous espérons de détails de cette guerre qui a du avoir laissé du deuil dans notre famille ainsi que par d'autre.

Un français de cœur pourait répéter les mots du poet avec émotion :

Mère de l'espérance dont le nom est si doux
Protégez notre France, priez priez pour nous.

Pauvre France est dans un état bien tristre. Maintenant cependant les derniers journaux nous annonce que le gouvernement versaillist en pri possession de tout Paris et que l'ordre et bon gouvernement vont être établie. Combien de temps faudrait il avoir pour réparer les perdes dans cette guerre a été l'auteur.

Je te dirai cher Victor que le nom des Français avant cette guerre était beaucoup plus grand qu'il ne l'est maintenant. Il faut espérer pour le mieu. L'espoir fait vivre l'homme.

Cher Frère, je disais au commencement de cette lettre, tu ne peux atribuer notre retard à vous écrire qu'à la propre négligence de notre secrétaire, comme tu l'appelles. Il a eu pendant la guerre deux lettres toutes prêtes, mais les communications étaient interrompues par la guerre et nous ne les avons pas expédiées. Mais pour le prochain, nous promettons de mieux faire.Et au lieu de recevoir de vous une lettre par an, nous aimerions mieux avoir une par mois. La satisfaction que nous avons à recevoir une de toi nous comble de joie quoique mauvaises sont les nouvelles, nous sommes heureux de les apprendre, tant que de notre côté les nouvelles ne peuvent vous intéresser or notre famille.

 Marie-Anne a perdu un enfant de 10 mois du croup, une bien jolie enfant.

Émile est aussi marié voilà à peu près deux ans. Il a une bonne femme, très aimable et bonne ménagère. Il a un garçon de 2 mois.

Il ne reste que Jean-Marie et Louisa à la maison avec nous. Albert travaille à son état de pâtissier à 80 miles de chez nous. Anne-Marie et sa famille sont tous bien ainsi que Victor et la sienne. Tant qu'à nous, Cher frère, nous sommes bien portants.

Sinon cette malheureuse guerre, je serais allé voir Belle-Ile encore une fois, mais le passage a été interrompu au moment où je pensais aller faire un tour, et comme comme la misère doit maintenant règner en France, je remetré ma visite jusqu'au plus tard.

Nous ne sommes pas encore acheté la terre, ne sachant pas trop que faire, nous avons 9000 Francs en intérêts. Nous vivons avec cela, quoique je préfère une ferme, mais la terre a renchérie d'un tiers.

Tous nos enfants sont autour de nous et tous font leur affaire assez bien.

Les ressources de ce pays sont bien plus grandes que elles le sont à B.I. Les récoltes sont belles. Il y a maintenant dans ce pays du grain assé pour 2 ans avant cette dernière récolte qui va être moissonnée dans 3 ou 4 semaines avec une apparence qui fait les fermiers rire. Nous semons notre blé ici dans les mois de septembre et octobre. La moisson vient fin juin et 1ers jours de juillet, premièrement le froment, après la voine et dernièrement la faucherie... que nous faisons maintenant avec des machines trainé par 2 bons chevaux. Avec une bonne machine, vous pouvez couper autant que 8 faucheurs, dont voici le portait. Elle coûte 500 Francs. Cet une bonne économie dans ce pay la ou les hommes d'ouvrage sont rare. C'est impossible d'avoir un bon faucheur pour moins de 5 F par jour et cette année, on parle que les moissonneurs et les faucheurs seront de 6 ou 7.

Emile parle d'aller plus loin dans l'ouest, là où la terre est meilleure et plus plan. Ici la terre est montagneuse, mais bien fertile.

Cher frère, tu devrais être ici pendant un mois pour voir le commerce et les émigrants, des Allemands, des Français, des Irlandais, des Englais et de toute autre nation du monde qui passe ici journelment, des milles à la fois, qui passent sur le chemin de fer pour aller chercher de la terre au Wouest. Surtout les Allemands sont les plus nombreux. Sa te donne une idée des ressources du pay. Ils débarquent à New York, un port de mer en Amérique, jusqu'à 5000 par jour, et il y a toujours de la place pour d'autres. L'Amérique est au moins 50 fois plus grande que la France, et maintenant la population de l'Amérique n'est pas plus grande que celle de France, 40 millions d'habitants. Juge maintenant s'il y a de la place pour d'autres.

 Chers frère et sœur, nous avons reçue votre lettre voilà plus d'un an, et nous aimerions avoir des nouvelles de vous le plutôt possible. Cher Victor, si nous étions venus en Amérique, notre famille et la tienne, à l'âge de 25 ans, nous serions indépendants maintenant. Mais malheureux est celui qui est né dans un mauvais pay, comm disait Ivonete. Il a ton quete et au me tournan et au viran malgré moi, je cherchai à revoir ma bruyère et mon clocher à jour. Voilà comment est un homme qui a ataint l'âge que nous avions avant de quitter B.I

Chaque pay chaque abitude, et pour un homme de 45 à 50 ans de changé ses abitudes cette une grande chose. Si toi et ta famille était ici, se tout ce que je demanderai.

Tous nos enfants préfèrent être ici qu'à B.Ile, mais si Dieu me conserve, j'irai encore une fois voir la malheureuse France.

Di à Martin et à tous mes amis que rien ne ma manque, ni pain, ni argent, ni ami, mais seulement la langue Englaise ne peut pas défiler comme je l'aimerai, quoique je peux faire mes affaires tan bien que mal.

Tes amis Louise et Pascal

 

Cette lettre de la main de François n'est pas datée, mais devrait se situer un peu après la guerre de 1870 : on y parle du prix des chevaux en France qui a dû augmenter parce qu'on en avait manqué pendant la guerre avec la Prusse.

Cher Oncle et tante

J'espère que vous me pardonnerez ma négligence. Nous avons reçu votre lettre voilà un an passé au mois de mars, qui nous annonçai la mort de nos vieux voisins et ami tant vieux que jeunes.

Notre famille sont tous très bien et tous désirent que ce brouillon vous trouve de même.

Nous espèrons avec impatience une réponse de vous pour nous donner des nouvelles de notre vieux pays qui ne doit pas être brillant.

Les récoltes sont exelantes cette année, or le foin qui est un peu en retard qui va causé les bêtes d'être meilleur marché. Sa va me taper sur la cocarde. Car maintenant, j'ai 11 bêtes de 2 ans passé et 11 d'un an passé que je contais vendre en autone. Les bêtes ont été très chères jusqu'à présent. Bonnes bêtes grasses se vendaient 5 a 6 sous la livre sur pied, mais il y a apparence qu'il décline. Si les prix avai resté tel qu'ils étaient, j'aurais fait à peu près 3500f, mais d'après les apparences, je perdrai plus de 500f. J'ai aussi un bon cheval que je veux vendre. Il vaut d'après les ventes qui ont été faites ici 800f, un beau brun, il paise 1200 livres, bien formé et âgé de 4 ans.

Emile a vendu un de ses chevaux, un des meilleurs de notre pays pour 1000 f. Les américains disent que les Français aiment les bons chevaux.

D'après les nouvelles que nous avons de France par les journaux, les chevaux doivent être très chers. Les journaux disaient qu'il leur manquait des chevaux pour la cavalerie pendant la guerre avec la Prusse.

Alors, cher Oncle, j'espère que vous ne ferez pas comme nous, négliger si lontant avant de nous répondre, mais si vous me pardonnez, je promet de faire mieux pour le futur. Donnez-nous des détails de tout ce qui peut nous intéresser. Adieu cher oncle, j'espère que vous excuserez mon grifonage. Ma plume est mauvaise et j'ai la main lourde. Encore une fois, adieu. Mes compliments à mes cousins et cousines. Mes respects à toute la famille et à vous, le dévouement d'une amitié sincère.

Votre neveu qui vous aime

François Lucas.

Papa et maman demeure tout près de chez nous dans une petite ville.

Adresse

Pascal Lucas
Fetterman Taylor County West Va America

 

Grafton, le 8 mars 1878.

Chers frère et sœur,

 Après un long silence, nous nous décidons enfin de vous informer de l'état de notre santé qui est très bonne jusqu'à présent, nous désirons que ce brouillon vous trouve de même. Je vous prie chers frère et sœur, de nous pardonner cette négligence apparente. Nous allons tâcher de vous donner quelques détails en gros de notre famille qui est maintenant de 44 personnes.

Pour nous deux, nous sommes bien portants ayant que la vieillesse sans aucune infirmité quelconque.

Nous avons toujours avec nous nos deux plus jeunes enfants Louisa et Albert. Ce dernier est un ingénieur des locomotives, il gagne 12fr.50 par jour. Les prix des ouvriers ont beaucoup diminués. Depuis quelques temps, l'Amérique n'est pas aussi brillante qu'elle l'était avant.

Chers frère et sœur  je vous dirai que nous avons avec nous notre sœur Babet qui est ici depuis l'an passé. Je vous dirai que nous avons appris par les journaux qu'elle était malade dans sa chambre à Cincinatti, seule, sans vouloir accepter les soins des étrangers. Aussitôt que nous avons eu la nouvelle, Albert est parti la chercher. Elle n'était plus chez elle, on l'a emmené malgré elle à l’hôpital, elle était bien faible. Il a fallu qu'elle vienne dans le lit des malades par le chemin de fer. Albert a eu beaucoup de troubles et de frais. Mais Dieu merci, elle est aussi forte que nous, si ce n'est pas plus.

 Elle ne voulait pas venir avec Albert, vous devez la connaître, elle ne veut être à charge à personne, elle ne veut pas gêner. Si elle n'est pas heureuse, ce n'est pas notre faute, car il ne lui manque de rien.

Cher frère nous avons eu le plaisir d'avoir vu Alfred et Mathilde et les enfants qui sont venus de France il y a environ 2 ans. Ils se sont achetés une propriété à une petite distance de nous et nous pouvons nous voir très souvent. Mathilde et Alfred sont mariés depuis un an, ils vous font dire bien des choses.

Veuillez chers frère et sœur d'être assez bon de nous donner des détails de notre famille. Dites de notre part bien des choses aimables à nos frères et sœurs, beau-frère et belle-sœur, neveux et nièces, cousins et cousines et tous nos amis.

Adieu, au revoir, notre vieux ami Victor et Joséphine, nous vous serrons la main de loin puisque nous ne pouvons le faire de près.

Vos frère et sœur qui vous aime.

Pascal et Louise Lucas

 

Grafton, le 28 janvier 1888

Mon Cher Oncle Victor ainsi que toute la famille

Encore une fois je prends ma plume pour interrompre un silence prolongé. Premièrement je vous dirai cher oncle il faudra que vous excuserez ma maladresse d'écrire le français, et aussi mon mauvais orthographe, c'est à vous seul que j'écris en français, et je ne le parle très peu, seulement à mon frère et ma mère 2 ou 3 fois ar semaine.

La 1ère et principale chose que j'ai à vous dire, c'est que nous sommes tous très bien et tous se joignent à moi pour vous souété une bonne et heureuse année.

Nos vieux parents se font un peu vieux, quoique très active pour leur âge. Maman travaille à son ménage toujours comme d'habitude, elle est très forte et mon père aussi quoique il n'a pas travaillé depuis longtemps, il est toujours bien fort à son âge. Ma tante Babette aussi est très bien et forte, elle a toujours une chambre à elle, avec papa et maman, et Louisa qui n'est pas mariée. Ils sont tous les quatre ensemble avec les rentes qu'ils reçoivent, et quelques pensionnaires que Louisa tient, sa leur donne une existance bien confortable dans une partie d'une de leur maisons.

Le reste de la famille a bien augmenté.

Anne Marie a laissé 6 enfants après elle, et tous de bons enfants, il y a 2 de mariés. Julien son mari s'est remarié

Et nous aussi nous avons 10 enfants, tous gros et gras, il y a 3 des 10 de mariés, deux garçons et une fille, Marie Anne, elle a 4 enfants 2 filles 2 garçons. Une des filles est mariée.

Emile a 7 enfants. Victor aussi en a 7. Jean Marie 6 enfants, Albert n'en a pas, quoique marié depuis 7 ans.

Nous sommes tous aussi bien. Albert est un ingénieur de chemin de fer, ou plutôt un homme qui fait marché la locomotive. Il gagne 17,50 par jour et quelque fois il fait 2 jours dans 24 heures, ses gages sont de 300à 600 f par mois.

Jean Marie fait le boucher, il vend 3 et 6 bêtes par semaines.

Victor est fermier, sa ferme lui appartient.

Emile aussi est fermier, il est à peu près à 300 km de nous, nous ne le voyons que très rarement. Mais nous avons des nouvelles de lui tous les mois.

Marie Anne et son mari sont des fermiers de même que nous. Nous sommes fermiers et éleveurs de bestiaux. Nous avons presque toujours 40 bêtes à corne que nous engraissons dans l'été pour les marchés de l'est et de l'Europe. Il y a beaucoup de nos bestiaux qui se transportent d'ici à l'Angleterre. Des bœufs de 3 ans qui paisent 1600 libres chacun, c'est une des meilleures industries que nous avons dans cette part du pays. Et les moutons, il n'y a pas de meilleur pays pour les moutons. Nous vendons les agnaux de 10 à 20F à 5 mois, et nos bestiaux se vendent 2 sous 1/2 à 5 sous la livre sur pied.

Et bien Cher oncle Victor, mon père et ma mère seront si heureux de recevoir de vos nouvelles, ainsi que toute la famille que je désirerai que vous écriviez au plutot possible. Je tacherai de ne pas être si paresseux dans le futur de notre existance, s'il y a quelque chose que je ne donne pas de détails que vous aimeriez  savoir, dites moi quoi et je vous donnerai les informations nécessaires.

Votre neveu qui vous aime.

François Lucas

Grafton Taylor County
Amérique du Nord W Va

 


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