Mathilde Lucas 🌅 - L'histoire de Mathilde
Jusqu'à présent la fille du capitaine Augustin était pour moi juste une vieille fille qui avait épousé sur le tard le mari de sa soeur, devenu veuf.
Mais une correspondance avec un lointain cousin par alliance m'a ouvert d'autres horizons. Mathilde a eu une petite fille Camille avec un Tahitien quand elle avait 15 ans, me dit Emmanuel Liais.
Cette révélation mérite bien une petite investigation, l'histoire est plus complexe, en effet. Voilà ce que j'ai découvert.
Les parents d'Élisabeth Mathilde Lucas sont le Bellilois Augustin Lucas, capitaine au long cours et la Rochefortaise Élisabeth Zoé Bellais, fille d'aubergiste.
Le mariage des parents a lieu 2 mois avant la naissance de Mathilde (3 septembre et 5 novembre 1832).
Quand le bébé a 6 mois, ses parents le laissent aux grands-parents à Rochefort et prennent la mer sur un bateau baptisé Trophée Mathilde. Bien souvent dorénavant, Augustin va voyager en famille. Les grands-parents de Rochefort ne reçoivent aucune nouvelle pendant 2 ans. Le 17 mai 1835, quand le Trophée Mathilde touche Valparaiso, Zoé met au monde une petite Dolorès. Au bout de 6 mois, Augustin retourne à Rochefort, y laisse sa famille et reprend la mer. C'est l'époque, de 1836 à 1838 où il navigue sur la Belle Lise. Fin 1838, il monte un projet de navire école et son Oriental-Hydrographe prend enfin la mer le 24 septembre 1839. Cette fois, Augustin embarque avec sa femme et ses 2 filles. Mathilde a 6 ans. Cette épopée va durer jusqu'à Valparaiso où le 23 juin 1840, Augustin coule son navire. Voici l'itinéraire de l'Oriental Hydrographe : Saint-Nazaire, Belle-Ile-en-Mer, Lisbonne, Madère, Ténériffe, Gorée, Cap-Vert, Récife, Bahia, Rio, Montevidéo, Patagonie, détroit de Magellan, Valparaiso.
On n'a pas retrouvé les rôles du navire, mais on estime qu'Augustin et sa petite famille on embarqué sur le brick La Justine de son frère François qui passait justement par là. La Justine quitte Valparaiso le 6 novembre 1840 (Mathilde a 8 ans), touche Tahiti, puis Bay of Islands le 17 mars 1841 pour arriver à Sidney le 29 mars 1841.
La Justine quitte Sidney le 4 juin 1841. On ne sait pas si la famille d'Augustin était à son bord, mais on la retrouve à Tahiti le 15 septembre 1841. Elle va rester autour de Tahiti jusqu'à son retour en France en 1848. On sait que Zoé et ses deux filles font un séjour aux îles Gambier dans le courant de 1843. Tahiti était alors le refuge de tous les Français chassés de Nouvelle-Zélande par la prise de possession britannique en février 1840.
Emmanuel me raconte donc que Mathilde a eu une fille, Camille née le 23 mai 1848 à Faaa, Tahiti, avec Tefatua Tura Tefatua. Mathilde a 15 ans. Ce qui n'est pas impossible, puisque Mathilde a séjourné à Tahiti entre 1841 et 1848. Emmanuel pensait que Mathilde était restée auprès de sa fille. Mais j'ai trouvé une trace d'elle en mai 1851, lorsqu'elle émigre aux États-Unis avec ses parents et sa sœur. Mathilde a 18 ans.
La trace suivante de Mathilde est un recensement de 1860 à Cincinnati. Mathilde y vit seule avec sa mère Zoé qui est couturière. Son père est mort en 1857 (selon la déclaration de Zoé quand elle se remarie en 1868.) Dolorès s'est mariée à Cincinnati en 1858. Mathilde a 27 ans.
Dolorès et son mari Alfred Soyer quittent Cincinnati au moment de la guerre de Sécession vers 1861 et s'installent à Toronto. C'est là que meurt Dolorès en 1868. Elle aura eu 4 enfants, un garçon mort jeune et 3 filles. Dans ses mémoires, Évangeline raconte que son père a épousé sa tante en 1877 (Mathilde a 44 ans). En fait, ils se sont mariés à Parkersburg le 3 avril 1877. Mais Mathilde fait déjà partie de la maisonnée d'Alfred Soyer en 1871 (Mathilde a 38 ans) au recensement de Toronto, lors d'une traversée vers la France le 7 octobre 1771 et une autre traversée vers l'Amérique le 23 septembre 1875 (Mathilde a 42 ans). Évangeline raconte que sa tante et belle-mère est morte en 1923 (Mathilde a 90 ans) et son père Alfred Soyer à 100 ans en 1928.
Une petite exploration du site Find a grave m'a fait trouver la plaque de sa tombe qui indique qu'elle est morte à Parkersburg le 24 septembre 1923. et qu'elle repose au cimetière de Parkersburg Memorial Gardens, où se trouvent aussi son mari Alfred et ses nièces Adrienne et Évangeline.
Emmanuel Liais, qui gère l'arbre Généanet des Liais de Cherbourg, me raconte qu'un de ses arrière-grands-oncles, Edmond Liais, a épousé une tahitienne appelée Camille Lucas qui est dite fille de Mathilde Lucas. La date de naissance de Camille est compatible avec l'âge de notre Mathilde et sa présence à Tahiti. L'état civil tahitien n'a pas vraiment les mêmes normes que le métropolitain et nous avons décidé de concrétiser la connexion sur son arbre et sur le mien. J'ai présenté le bébé (tahitien) à un administrateur de l'association de généalogie normande Généa50 et il m'a aidée à mettre en place cette relation dans l'arbre Généanet de Généa50.
Voir la page généalogique de Mathilde.
Source : le livre de Mahlon
C'est tout ce que je sais à ce jour.