Mahlon ✍ - Une famille bretonne en Amérique

En 1986, notre cousin Mahlon Lucas Henderson assemble enfin en un livre tous les souvenirs sur notre famille collectés de part et d'autre de l'Atlantique.
Je vous propose aujourd'hui en version française des extraits de son ouvrage, aujourd'hui épuisé dans sa version originale : Chroniques d'une famille bretonne en Amérique. Des pages seront ajoutées à mesure de ma progression dans ce travail de traduction.
Katryne

INTRODUCTION

Le « Bavaria » rencontrait du gros temps au large du Cap Hatteras. L'Atlantique faisait honneur à sa réputation pour les tempêtes hivernales. Cela n’inquiétait pas trop le Capitaine J.S. Bailey, qui acheminait sa troisième cargaison d'émigrants européens cette année-là. Il n'avait aucun doute que le Bavaria, un trois-mâts de 900 tonneaux, arriverait à bon port, même avec un peu de retard. Parce que nous étions en 1854, une époque pas si éloignée de celle des « bateaux de bois et des hommes d'acier », et que lui et son navire avaient traversé bon nombre de tempêtes.

Mais avec les passagers de troisième classe, les choses n’étaient pas aussi claires. Tous des fermiers. De Hesse, du Wörtemburg, de Prusse, de Bavière. Ils connaissaient bien peu des choses de la mer, à l’exception de la peur et de l’inconfort. Et peut-être bientôt la mort. Sous les panneaux condamnés des écoutilles, secoués pas le roulis et le tangage du navire, entendant le rugissement de la tempête par-dessus les pleurs et les prières de leurs compagnons d’infortune dans ce tintamarre, ils ne pouvaient s’attendre qu’au pire.

Au milieu de cette confusion, les membres d’une solide famille bretonne se cramponnaient les uns aux autres et à leurs maigres possessions. Fermiers de Belle-Isle, seule famille française à bord, isolés de leurs compagnons de voyage par la langue et la tradition. Mais pour eux, la mer n’était pas une inconnue. Habitant à proximité de la côte sauvage de Belle-Isle, ils connaissaient trop bien le risque et l’horreur d’un naufrage. Ils avaient dans la famille deux capitaines au long cours qui avaient rapporté des récits suffisamment terrifiants et les désastres maritimes étaient choses communes sur cette côte sauvage. Ce qui devrait arriver arriverait, mais il était inutile de se faire du souci. Aussi Pascal et Marie-Louise Lucas réconfortaient leur progéniture pour faire passer les longues heures. Il pouvait y avoir aussi des hommes d'acier parmi les passagers.

Jean, qui avait 9 ans dit alors : « Ne t'inquiète pas pour moi, maman. Si le navire fait naufrage, je mettrais mes grandes bottes et je pataugerai jusqu’au rivage. ». Sa jeune sœur Louisa, qui était assise sur un tonnelet de sucre, partie de leurs provisions pour le voyage, faisait preuve d'un esprit plus pratique : : « Mais, maman, est-ce qu’on ne devrait pas manger tout le sucre avant que le bateau coule ? »

Le Bavaria réussit à survivre à la tempête et arriva à New-York. Et ni Jean ni Louisa ne durent recourir à ces mesures extrêmes. Toutefois, l’histoire des bottes et du sucre devinrent un élément du folklore de la famille Lucas, racontée encore et encore dans des crises de fou-rire.

L’aventure que vécut cette famille en s’établissant dans un pays nouveau et quelques récits de son déploiement sur tout le continent américain devraient intéresser leurs descendants. Cela pourrait réveiller un sentiment d'appartenance, un sens de la famille depuis longtemps en sommeil et stimuler les contacts entre ces descendants contemporains.


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