Mahlon ✍ - Les débuts américains de la famille Lucas
Le choix d’une installation dans le Comté de Taylor semble provenir en ligne directe du passé de commerçant du Capitaine Augustin, même si ce dernier avait perdu toute illusion sur ses perspectives dans le commerce du bois de construction et avait déménagé à Cincinnatti. Étant donné que les activités d'Augustin avaient été localisées dans le comte attenant de Preston, il avait du organiser des arrangements préliminaires, au moins pour l'installation. François et Julien devaient être dans les parages pour accueillir le reste de la famille.
Ils arrivèrent à Grafton en hiver, et apparemment passèrent quelque temps en ville. Selon une anecdote, relatée par mon grand-père John, avec quelques autres garçons, ils jouaient sur une colline du voisinage. Ils grimpaient jusqu’en haut de la colline, criaient : « Allez ! Enfer et damnation ! Allez ! », puis sautaient sur la luge et se lançaient en décollant au départ. Une voisine qui avait entendu cela, vint voir Marie Louise : « Madame Lucas, savez-vous comment vos garçons parlent ? ». Quand les garçons furent de retour, on leur demanda où ils avaient bien pu ramasser ce vocabulaire anglais. John répondit que c'était ce que le capitaine du navire disait quand le Bavaria n'allait pas comme il le souhaitait, et qu’il avait pensé que c’étaient les mots à employer pour que les luges gagnent un peu de vitesse.
On ne sait pas trop où les Lucas passèrent les années qui suivirent. Selon la tradition, ils habitèrent quelque temps dans la « maison de la colline », que l'on peut aujourd'hui encore identifier comme une ruine en haut de la colline au-dessus de Irontown, à environ 0.3 miles (500 mètres) au Nord du point où un chemin forestier quitte la route goudronnée pour longer la piste Laurel. (Voir dans le chapitre : Les terres des Lucas). Cela se situe à ½ mile de l'angle le plus proche de la parcelle de 75 acres que Pascal et Marie Louise finiront par acheter, mais l'acte de vente de ce terrain ne fut pas enregistré avant 1865, l'année où ils vendirent leur propriété de Belle-Isle. Apparemment, ils attendaient la conclusion de cette opération pour payer leur nouvel établissement. On a supposé que Pascal avait loué le terrain pour le mettre en exploitation le temps de pouvoir effectivement en faire l'acquisition. Le terrain fut partiellement débroussaillé, clôturè de murs de pierres et utilisé pour la culture et l'élevage du bétail. Ils le revendirent en 1881.
Selon les lettres écrites à Victor à Belle-Isle, vers 1871, Pascal et Marie-Louise déménagent dans une petite ville, probablement en limite de Grafton et en 1876, ils achètent une parcelle dans Latrobe Street, sur laquelle ils construisent une grande maison, qui sera utilisée pour leur résidence et comme pension de famille. C’est là que se tint le repas de Thanksgiving de 1891 qui réunit toute la famille.
Marie Anne Lucas Poe et son mari Isaac Reese Poe vécurent dans la « maison sur la colline » pendant quelques années avant de partir pour le Colorado en 1887. Mary Lucas Warder, née en 1877, se rappelle avoir visité la maison où avait vécu ses grands-parents. Elle se rappelle que les enfants appelaient cet endroit « le chat sauvage ». On y parvenait par un sentier raide depuis Irontown. En fonction de ce que l’on a pu explorer dans le voisinage, cette description correspond à la maison sur la colline. Mary n’a pas pu visiter cette maison à l'époque où Pascal y vivait, mais cela peut vouloir dire qu’elle avait rendu visite aux Poe dans la maison où ses grands-parents avaient vécu.
Ce que l'on sait pour certain, c'est que Pascal et Marie-Louise restèrent dans la maison de Latrobe street jusqu'à la mort de Pascal et il est probable que Marie-Louise continua à y vivre. La maison avait déjà été mis au nom de Louise Philomèna, pour s'être occupée de ses parents.
Après leur émigration aux États-Unis, plusieurs des Lucas optèrent pour des simplifications administratives en anglicisant leurs prénoms. Les hommes laissèrent tomber la 2e partie de leur nom composé « Marie », François Augustin devint Francis Augustus, le prénom de Jean Émile connut un changement phonétique en Ameal ou Amel. Et Eugène Albert Prosper fut transformé en Albert Prosper Eugene. C'était une pratique courante parmi les immigrants et l'on devra s'attendre à de telles variations en examinant les archives. Le présent compte-rendu n’essaiera pas sous cet aspect d’être plus strict que ne le furent les intéressés pour leur propre nom. C'est donc sans surprise que l'on rencontrera des variations du nom. Et cela même dans les documents officiels. Par exemple, un certain nombre d'actes concernant Francis Augustus Victor Lucas font référence à F.A.V. Lucas, F.V. Lucas, Francis Lucas, Francis V. Lucas, F.A. Lucas, Franck A. Lucas et Francis A. Lucas.