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1.
Amérique 🗽 Quand l'Amérique était Française
...abandons. en cent-cinquante ans à peine, aux xviie et xviiie siècles,
ces «défricheurs d'eau» avaient pourtant réussi à mettre en valeur les
terres alluviales en profitant des très fortes marées de la baie de
fundy (alors baie française). mais le choc des guerres franco-anglaises
en europe les frappe à leur tour. alors qu'ils sont passés sous le
contrôle de la couronne britannique après le traité d'utrecht, en 1713
(avec la baie d'hudson et terre-neuve), et malgré leur neutralité
proclamée, les 13 000 acadiens de la nouvelle-Écosse sont finalement
déportés le 28 juillet 1755 et dispersés dans toute l'amérique, et même
au-delà, jusqu'en france. leurs maisons sont brûlées pour décourager
tout retour. c'est le grand dérangement. certains reviendront dans les
années suivantes, tous garderont le souvenir douloureux de cet
arrachement au «vieux pays», au pays perdu. «nous sommes probablement le
seul peuple au monde capable de célébrer une déportation, rappelle
l'écrivain antonine maillet. il a fallu apporter la démonstration que
nous étions bien vivants.» aujourd'hui, on estime à environ 40 000 les
acadiens de la nouvelle-Écosse et de l'île du prince-edouard (soit 4% de
la population). «notre projet de société, explique jean léger,
directeur général de la fédération acadienne de la nouvelle-Écosse,
c'est de ne pas disparaître au sein du melting-pot canadien et
américain. on est le petit village gaulois, mais sans potion magique.»
À la différence du nouveau-brunswick voisin, où les acadiens, forts de
leur poids démographique (plus d'un tiers de la population, soit 250 000
habitants) ont obtenu, pour le français, un statut de langue officielle
auprès du gouvernement provincial, les francophones de nouvelle-Écosse
et de la province de l'ile-du-prince-edouard peinent à faire valoir
leurs droits auprès des instances locales. sans parler de la menace
d'assimilation : entre les recensement...